Le 13 avril 1784 au milieu de l’après-midi, Pierre-Elie Bouricquen est en chemin pour le manoir de Kervern. A 35 ans il est le sénéchal de la juridiction du Névet, à ce titre il est chargé de la sécurité publique des environs de Pouldavid. Alors qu’il s’approche du champ de foire de la ville il aperçoit une foule nombreuse et près d’elle un groupe d’hommes qui tirent au fusil dans la plus grande confusion. La destination des tirs est une cible placée de l’autre côté de l’anse, sur la rive de Penn-ar-Créac’h.
Pourtant les exercices récréatifs de tir appelés papegault, ou tennadeg en breton, sont interdits depuis un arrêt des Etats de Bretagne de décembre 1768. Bouricquen estime la situation dangereuse et choisit d’intervenir, d’autant plus que non loin de la cible il aperçoit un autre groupe d’hommes et d’enfants qui paraissent juger les tirs. Il interpelle alors celui qui semble être l’organisateur de la partie, le cabaretier Le Roux du bourg de Ploaré. Les remontrances du jeune sénéchal sont très mal accueillies par les tireurs, d’autant plus que certains esprits sont déjà échauffés par la boisson, des menaces fusent du tumulte, pour sa sécurité il décide de quitter l’assemblée.
Cette description de la scène est celle écrite le soir même par Bouricquen dans son rapport au procureur général du roi au Parlement de Bretagne à Rennes.
La réaction du pouvoir interviendra quelques jours plus tard, elle concernera non seulement les paroisses environnantes (Pouldergat, Ploaré et Poullan) mais aussi l’ensemble de la province.
Dans le document en lien ci-dessous sont décrites les circonstances et les conséquences de l’affaire des tireries de Pouldavid, sont aussi évoqués les origines de ces exercices de tirs qu’on appelait autrefois papegault. Nous aborderons aussi rapidement le sujet de la détention d’armes à feu par le « petit peuple » sous l’Ancien Régime et le type de fusil utilisé à cette époque.
Les recherches réalisées par Julien LE LEC (Université de Rennes, 2015) dans le domaine des armes en Bretagne sous l’Ancien Régime a été l’une des principales sources documentaires de ce travail. [Etude de Julien LE LEC]